Goma, RDC – Alors que le Nord-Kivu continue de s’embraser sous les feux des conflits, la population civile, prise en étau entre la brutalité des rebelles du M23 et les exactions des terroristes de l’ADF, subit une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent. Des milliers de familles ont été arrachées à leurs foyers, leurs biens pillés et leurs espoirs anéantis. Dans cette mer de désespoir, une lueur d’humanité brille grâce à l’action déterminée de FELD (Femmes Engagées pour le Leadership et le Développement), une organisation sous l’égide de madame Kavira Musivirwa Rameau qui a choisi de ne pas rester spectatrice de cette tragédie.
Le cri silencieux des déplacés
« Nous avons tout perdu. Nos champs, nos maisons, notre dignité, » confie une mère de trois enfants, réfugiée dans un camp de fortune près de Goma. Son histoire n’est qu’un écho parmi des milliers. Les camps de déplacés, surpeuplés et insalubres, sont devenus le triste symbole de la détresse. L’accès à la nourriture, à l’eau potable et aux soins de santé y est un luxe, et la menace de maladies ou d’insécurité plane constamment.
Des actions concrètes, un impact mesurable
Les actions de FELD s’articulent autour de plusieurs axes essentiels :
- Assistance alimentaire et non-alimentaire : Des distributions massives de vivres, de kits d’hygiène et d’articles de première nécessité permettent de soulager immédiatement les familles en détresse. « Chaque sac de farine que nous recevons est une victoire sur la faim, » témoigne un bénéficiaire.
- Santé et bien-être psychologique : Des cliniques mobiles ont été mises en place pour offrir des soins de santé gratuits, notamment aux femmes et aux enfants. Le soutien psychologique, souvent négligé, est également au cœur des préoccupations de FELD, pour aider les victimes à surmonter les traumatismes de la guerre.
- Protection et éducation : En collaboration avec d’autres partenaires, FELD travaille à la protection des plus vulnérables, en particulier les enfants, face aux risques d’enrôlement ou de violences. Des espaces sécurisés et des activités éducatives temporaires sont créés pour leur offrir une bulle de normalité.
Un modèle de résilience face à l’adversité
L’engagement de FELD est d’autant plus remarquable qu’il s’opère dans des zones à haut risque, souvent inaccessibles aux grandes organisations internationales. Les équipes de FELD, composées de professionnels locaux, connaissent le terrain et les dynamiques communautaires, ce qui leur permet d’agir avec rapidité et efficacité, même lorsque les conditions de sécurité se détériorent.
« Notre plus grand défi, c’est la sécurité de nos équipes, » admet Mme Rameau, coordonnatrice de FELD. « Mais l’urgence de la situation nous pousse à prendre des risques calculés. Voir le sourire d’un enfant qui reçoit son premier repas chaud depuis des jours est notre plus grande motivation. »
L’appel à la solidarité internationale
Si les actions de FELD sont saluées par les populations et les acteurs locaux, les besoins restent immenses et dépassent largement les capacités d’une seule organisation. « Le Nord-Kivu ne doit pas tomber dans
l’oubli, » insiste Madame Rameau. « Les populations ont besoin de plus que de l’aide d’urgence ; elles ont besoin de justice, de paix
et d’un soutien à long terme pour reconstruire leurs vies. FELD continuera d’être là, mais il est temps que le monde entier se mobilise pour mettre fin à cette crise qui a trop longtemps duré. »
En raison de la détérioration de la situation avec l’occupation de la ville de Goma ainsi que d’une partie du Sud de la province par la rébellion, FELD a concentré ses actions plus au Nord dans la ville de Butembo, le territoire de Lubero, menant des actions d’encadrement des jeunes filles précocement mères ainsi que des filles désœuvrées par l’apprentissage des métiers et l’agriculture biologique. Ces actions permettent de travailler au relèvement socio-économique des communautés locales ainsi que des populations déplacées internes.
L’histoire de FELD dans le Nord-Kivu est celle d’une petite étincelle qui, face à l’obscurité, refuse de s’éteindre. C’est un rappel puissant que même au cœur de l’horreur, l’humanité et la solidarité peuvent toujours l’emporter.